dimanche 4 mars 2012

Le récit des Sept Dormants

Une légende sert du fil conducteur pour une série d'événements artistiques Les Ancrages, qui se poursuivront autour de Notre Dame des Neiges en 2012-2013.
C'est le récit des Sept Dormants.  [E.M.]

En l'an 250, pour échapper à l’obligation de se prosterner devant les idoles de Rome ainsi que l’avait ordonné l’empereur Decius sous peine de supplices, sept jeunes hommes d’Ephèse se réfugièrent dans une caverne sur le Mont Célion (Turquie). Emmurés vivants avec leur chien, ils tombèrent dans un mystérieux sommeil. Ils se réveillèrent trois cents ans plus tard, et alors qu'ils étaient restés les mêmes, découvrirent à quel point le monde avait changé.

Le récit des Sept Dormants apparaît dans la sourate XVIII du Coran, intitulée  al-Kahf : « la Caverne ». Le culte des Sept Dormants est le seul qui soit autorisé dans le monde musulman. L’Occident chrétien les célèbre le 27 juillet. Cette histoire a pu être transmise par les pèlerins revenant d’Ephèse, par des poèmes chantés narrant la vie des saints ou par des marchands grecs remontant la vallée du Rhône ou naviguant vers l’Angleterre à la recherche de l’étain.

Sur leur culte se greffe la très ancienne vénération agraire et stellaire des 7 Pléiades, les suivantes d’Artémis, dont la rosée vivifiait chaque année les récoltes de juillet. Très tôt, on trouve en Europe des cavernes et des tombeaux attribués au Sept Dormants. Ils ont été souvent représentés dans les miniatures. Une oeuvre exécutée au XVe siècle d’après une peinture chinoise les montre pelotonnés avec leur chien dans la plénitude d’un cercle parfait, à la manière des trois saints bouddhistes sommeillant avec leur tigre. La flotte ottomane, consacrée aux Sept Dormants d’Ephèse, évoque le bercement dans la main de Dieu comme celui des vagues : la « nef des Sept Dormants », sous le calame des calligraphes, rejoint l’image de la Safina, le Navire Argo des astronomes arabes. C’est sur le pôle Sud, signalé par la double nébuleuse des Nuages de Magellan, unique fenêtre hors de notre Galaxie, que les marins arabes de l’Océan indien orientaient leur gouvernail.

Quelles que soient ces résonances, chrétiens et musulmans ont considéré les Sept Dormants comme d’authentiques présages de la Résurrection. Cette croyance partagée par les confessions monothéistes a engagé l’orientaliste Louis Massignon à instituer en 1954, dans la crypte-dolmen de Stiffel (Côtes d’Armor), un pèlerinage qui rassemble des représentants des trois religions abrahamiques.  [B.P.]

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